Stabilisation du katagami par insertion des fils de soie au sein du papier

Au Japon, les pochoirs à impression sont dotés d’une trame de soie qui sert à stabiliser le papier une fois découpé. Aujourd’hui, les pochoirs sont le plus souvent doublés sur une face avec une gaze que l’on fixe à l’aide d’une résine synthétique. Traditionnellement cependant, des fils de soie étaient insérés au cœur même du pochoir : c’est l’opération de ito-ire. Le papier à pochoir, le kakishibugami, est en effet constitué de plusieurs feuilles superposées et agglutinées par du jus de kaki fermenté.  Une fois le pochoir découpé, le papier était délicatement délaminé à l’aide d’une spatule en bambou.  Un réseau de fil de soie très fin était ensuite tendu sur d’une des feuilles grâce à un châssis doté de clous en périphérie. La deuxième feuille était reposée par-dessus et le tout était recollé à l’aide de jus de kaki.

J’ai choisi de réaliser un pochoir en reprenant le principe de cette technique mais sans disposer de l’outillage dédié.

Détail du devant d’autel provenant de la chapelle de l’ordre du Saint-Esprit. Broderie métallique sur drap d’argent. France, circa 1585, Musée du Louvre.

Le motif est un dessin original inspiré des flammes de la Pentecôte qui ornent les ornements liturgiques provenant de la chapelle de l’ordre du Saint-Esprit, brodés à Paris à la fin du 16e siècle et qui sont aujourd’hui conservés au Musée du Louvre.

Le motif une fois découpé dans le kakishibugami, celui-ci est mis à tremper pendant quelques heures dans l’eau afin de faciliter la séparation des feuilles qui le constituent.

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Les feuilles sont ensuite séparées délicatement à partir d’un angle. J’ai opéré au scalpel à la place de la spatule de bambou normalement employée par les artisans japonais.

La feuille est posée sur une plaque en mousse de polyéthylène en périphérie de laquelle j’ai planté des épingles à intervalles réguliers, et un fil d’organsin de soie est tendu de part et d’autre du cadre de manière à former un quadrillage.

La feuille est enduite de la laque synthétique employée pour les pochoirs contemporains et la deuxième couche est repositionnée dessus. On détache l’ensemble pour pouvoir souffler sur l’excédent de laque déposé dans les découpes.

Les fils de soie dépassant des bords de la feuille sont découpés. Les fils enserrés dans le papier sont solidement solidaires du pochoir.

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Motif de flammes de la Pentecôte, impression à l’or 24 carats sur toile de soie. V. Blaise.

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